Dans la fusion

Il y a dans la fusion un déni du danger, de la collision.
Dans la vie des coeurs qui palpitent à deux, à l’unisson,
la vision du naufrage est un mirage qui n’arrivent qu’aux autres,
à celles et ceux dont on avait eu l’audace de prévenir de notre clairvoyance.
 

Dans la fusion d’un nous, 
il y a des yeux aveugles pour les noyés discrets,
celui qui se heurte sans le savoir à un oubli de soi,
à tenir un standard non dit, voire peu consenti.
 

Dans la fusion du couple,
le réveil est glacial quand l’on s’aperçoit que le sauvetage ne fonctionne pas.
Que l’on ne peut pas aider celui qui ne souhaite pas nager.
 

Dans notre idée de la fusion,
il y a le souffle atrophié pour rester à la surface quand l’autre a préféré couler,
emportant avec lui la projection d’un futur commun.
 

La solitude en mer nous amène son lot d’incertitudes 
à découvrir une vie nouvelle, aux horizons épars.
La tristesse y est cyclique, ponctuée comme ces vagues qui vont et qui viennent.
C’est un état fluctuant au gré du vent, qui oscille entre un état de grâce et du déplaisir.
Entre une fureur de vivre et une colère non dite.